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Rendez-vous avec Ciné Mémoire

L'objectif à l'initiative de CINA, association régionale de cinéma d'Art et Essai, est de contribuer à mettre en valeur le patrimoine cinématographique et (re)découvrir des chefs d'œuvres du patrimoine cinématographique mondial.

Présenté par Fred Abrachkoff le dimanche 27 avril à 20h00

Tiré d’un roman de Barry Gifford (qui, par la suite, a écrit avec David Lynch Lost Highway et deux épisodes de Hotel Room), Sailor et Lula est le film le plus sulfureux, le plus rock’n'roll du maître. Sur la trame d’un conte de fée (sorcière maléfique, autre côté du miroir, pied de l’arc en ciel, gentille marraine…) Lynch livre une œuvre hystérique, extrême, qui s’embrase dès les premières images. Fracas d’une tête qu’on écrase, démembrements, rites vaudou côtoient la romance fleur bleue de deux tourtereaux qui tracent la route pour échapper à leur famille et à leur passé. Road movie extrêmement classique dans le fond, Sailor et Lula n’étant qu’une énième variation sur Romeo et Juliette, le film frappe par le lyrisme qui accompagne la fuite des deux amants. C’est lorsque Lynch se laisse complètement aller à son poème d’amour fou que Sailor et Lula prend toute sa dimension. Les scènes chocs, les personnages hauts en couleur portés par des acteurs qui visiblement s’éclatent dans l’excès...
                                                                                                                                                 dvdclassik.com

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Présenté par Fred Abrachkoff le dimanche 25 mai à 20h00

Prix du Jury à Cannes en 1954, Monsieur Ripois constitue l’une des toutes premières coproductions cinématographiques entre la France et la Grande-Bretagne. Devenu rare au cinéma comme au petit écran, il compte pourtant parmi la plus éclatante réussite de son réalisateur.

De prime abord, son adaptation de Monsieur Ripois et la Némésis a de quoi surprendre. C’est tout d’abord l’opportunité pour le cinéaste de faire preuve de son brio comme narrateur et comme réalisateur – récit entièrement construit en voix off et flash-back. Ensuite, pour ancrer son histoire dans une forme de réalisme, René Clément s’immerge à Londres pendant 8 mois pour écrire le script, avec le dramaturge Hugh Mills au scénario et Raymond Queneau aux dialogues. Première audace du cinéaste : bien que son scénario soit refusé par la censure britannique pour cause d’immoralité, il tourne le film avec l’appui de son producteur, Paul Graetz. Commence alors un tournage de 11 semaines, qui mixe prouesses techniques – des plans qu’on dirait tournés au steadycam, vingt ans avant son invention – sur un scénario et des dialogues brillantissimes, qui scellent les noces de l’ironie française avec l’humour britannique, avec pour toile de fond les rapports hommes-femmes et les relations entre Français et Britanniques.

Enfin, ultime audace stylistique : les déambulations de son héros, incarné par Gérard Philipe, hirsute, dans les rues londoniennes, tournées en caméra cachée, héritent du néo-réalisme italien et anticipent les méthodes de tournage de la Nouvelle Vague et du free cinema. 

Au-delà de son brio technique et narratif, René Clément, à travers le portrait ambigu d’un Don Juan à la petite semaine, cynique et minable, piégé par ses propres mensonges, fait montre d’un exceptionnel talent de directeur d’acteur. En confiant le rôle principal à Gérard Philipe, René Clément fait œuvre de génie. Le cinéaste joue ainsi sur l’image de séducteur de l’acteur – il venait alors de tourner Fanfan la tulipe en 1952 et Les Orgueilleux en 1953 – pour déconstruire complètement le mythe qui l’entoure. Parfaitement à l’aise dans le cynisme, la muflerie et le pathétique, Gérard Philipe tient peut-être là son plus grand rôle au cinéma. André Ripois s’inscrit dans la lignée des grands anti-héros du cinéma de René Clément.

Souvent contesté en raison de l’éclectisme de sa filmographie, le statut de géant du
cinéma ne fait plus guère de doutes devant cet immense Monsieur Ripois, dont les accents finaux, amers et désenchantés lui confèrent un parfum digne de Max Ophüls.

SYLVAIN LEFORT

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