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Rendez-vous avec Ciné Mémoire

L'objectif à l'initiative de CINA, association régionale de cinéma d'Art et Essai, est de contribuer à mettre en valeur le patrimoine cinématographique et (re)découvrir des chefs d'œuvres du patrimoine cinématographique mondial.

Présenté par Fred Abrachkoff le dimanche 30 mars à 20h00

Buffet froid : anatomie d’un crime contre la France

 

Buffet froid est une comédie caustique, mortifère, obsédée par la mort. La solitude pousse au viol, au crime, à l’absurde. Face à la mort qui vire à l’hécatombe dans une épidémie qui rend la masculinité toxique plus assassine que jamais, les personnages en sont réduits à des archétypes seuls, en manque de compagnie, association contre “nature” de par leur fonction : le mari, le flic et l’assassin (Depardieu, Blier père et Jean Carmet) s’assurent une complicité de l’absurde qui cristallise ce qui reste de relation humaine dans la désillusion et la violence. Tous trois développent une communication autour d’un perpétuel questionnement philosophique.

Ces personnages insolites, habités par des craintes existentielles qui les poussent à s’entre-tuer, sont le miroir de la France post-choc pétrolier, celle du chômage pour le personnage de Depardieu, incapable de savoir s’il a commis l’irréparable sur la personne de Serrault, lors de la séquence d’ouverture anthologique ; celle d’un terroir qui étouffe entre les murs, c’est Jean Carmet dans un rôle pathétique qui aurait mérité une nomination aux César tellement il y met du sien ; celle d’un pays autoritaire qui s’est braqué contre son propre avenir et la culture, à savoir le flic que joue Blier qui n’a plus foi ni en la jeunesse, qu’il renvoie à l’imagerie loubarde, ni en la culture, réduite à  la musique qu’il abhorre telle le son de son propre requiem.

Bien avant les grands succès commerciaux que seront Tenue de soirée (1986) et Trop belle pour toi ! (1990), Bertrand Blier réalisait avec Buffet froid un film d’une maturité précoce pour ses quarante ans qui préfigurait ses œuvres austères des années 90 et 2000 qu’il réussira moins. Assurément mieux que Beau-père et La femme de mon pote qui le suivront en 1981 et 1983, on peut évoquer ici le terme de pinacle dans une carrière souvent formidable.

Frédéric Mignard 

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Présenté par Fred Abrachkoff le dimanche 27 avril à 20h00

Tiré d’un roman de Barry Gifford (qui, par la suite, a écrit avec David Lynch Lost Highway et deux épisodes de Hotel Room), Sailor et Lula est le film le plus sulfureux, le plus rock’n'roll du maître. Sur la trame d’un conte de fée (sorcière maléfique, autre côté du miroir, pied de l’arc en ciel, gentille marraine…) Lynch livre une œuvre hystérique, extrême, qui s’embrase dès les premières images. Fracas d’une tête qu’on écrase, démembrements, rites vaudou côtoient la romance fleur bleue de deux tourtereaux qui tracent la route pour échapper à leur famille et à leur passé. Road movie extrêmement classique dans le fond, Sailor et Lula n’étant qu’une énième variation sur Romeo et Juliette, le film frappe par le lyrisme qui accompagne la fuite des deux amants. C’est lorsque Lynch se laisse complètement aller à son poème d’amour fou que Sailor et Lula prend toute sa dimension. Les scènes chocs, les personnages hauts en couleur portés par des acteurs qui visiblement s’éclatent dans l’excès...
                                                                                                                                                 dvdclassik.com

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